Violence sexuelle durant l’enfance : quelles conséquences ?

Bandeau élément graphique, Amandine Lacomme

Selon un rapport de la Ciivise sorti en 2023, en France, 160 000 enfants sont victimes de violences sexuelles chaque année. Que faire ? Comment repérer les signes de violences sexuelles ? Comment accompagner au mieux les victimes ?

En effet, toutes les 3 minutes, 1 enfant est victime d’inceste, de viol ou d’agression sexuelle. Ce constat est dramatique et les victimes subissent des traumatismes profonds qui peuvent les affecter toute leur vie à différents niveaux.

Mieux comprendre, sensibiliser et informer sur les conséquences de cette violence, est essentiel pour offrir un soutien adéquat à ces victimes.

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Qu'est-ce que la violence sexuelle ?

On qualifie de violence sexuelle l’utilisation du corps ou de parties du corps d’un enfant à des fins sexuelles, un simple contact qu’il soit pénétratif ou non. Il est considéré comme abus sexuel toute incitation d’un enfant à prendre part, qu’il soit conscient ou non de la situation, à des activités sexuelles.

La violence sexuelle comprend également toutes invitations ou encouragements à des comportements sexuels inadaptés ou à visualiser des images sexuelles.

La violence sexuelle faite aux enfants : les différentes formes

  • L’agression sexuelle : atteinte sexuelle sans pénétration et sans consentement ;
  • Viol : acte de pénétration sexuelle ou orale commis par violence, contrainte, menace ou surprise ;
  • L’inceste (acte sexuel sur un membre de sa propre famille) ;
  • L’exhibition sexuelle de l’enfant ;
  • L’exhibition sexuelle d’un adulte sur un enfant ;
  • Le harcèlement sexuel ;
  • L’accès à des documents pornographiques ;
  • L’exploitation pornographique ou pédophile (prostitution).

 

LE SAVIEZ-VOUS ?

Une étude révèle que les enfants en situation de handicap ont un risque 3 fois plus élevé d’être victimes d’abus sexuels. Les facteurs de vulnérabilité augmentent lorsque le handicap est lié à une maladie mentale ou à une déficience intellectuelle. Dans ces cas, le risque de subir des violences sexuelles est multiplié par 4,6.

Il est donc important d’être informé et de mettre en place des mesures spécifiques pour protéger ces enfants. Les parents et les aidants doivent être informés des risques accrus et être vigilants aux signes indicateurs de maltraitance.

Il est difficile de nommer précisément toutes les conséquences de l’agression sexuelle vécue dans l’enfance. D’une situation à une autre, d’un enfant à un autre, les séquelles sont variées et elles évoluent au fil du temps.

Les conséquences à court terme de la violence sexuelle

Les violences sexuelles subies durant l’enfance peuvent causer des troubles qui s’installent dès que le traumatisme est vécu.

Voici quelques exemples de comportements qu’il est possible d’observer chez les enfants et qui peuvent vous alerter :

Les traumatismes psychologiques

Les enfants victimes de violence sexuelle peuvent éprouver différentes émotions ou sentiments qui créaient un changement drastique ou ils peuvent venir accentuer leur ressenti :

  • Une peur intense ;
  • De la honte ;
  • De la tristesse ;
  • De l’inquiétude ;
  • De la culpabilité.
 

En effet, certaines victimes peuvent devenir plus effacées, craintives, ou adopter des comportements inhabituels, inappropriés et agressifs. Il est possible d’observer chez l’enfant des refus de visiter certains lieux ou certaines personnes… Il peut y avoir un lien avec les violences subies de façon direct (lieu de l’agression et/ou personne liée au traumatisme…) ou indirect (une situation qui évoque, une rencontre familiale…).

Les symptômes physiques, conséquences des violences sexuelles

Les violences sexuelles peuvent laisser des marques sur les victimes, c’est ce qui sera l’élément le plus facile à détecter pour l’entourage. Il peut s’agir de blessures, d’ecchymoses, de rougeurs, de traces, de lésions ou de douleurs chroniques liées à un choc ou à une posture de contrainte.

Les conséquences physiques se traduisent aussi par des douleurs somatiques telles que les problèmes gastro-intestinaux, l’exéma, saignement de nez, les maux de tête, ou tout autre affections somatiques liées au stress. Les jeunes victimes contractent parfois des infections transmissibles sexuellement et pour les jeunes filles une grossesse peut survenir à la suite d’une agression sexuelle.

Les troubles du sommeil sont aussi des symptômes fréquents suite à un traumatisme. Un enfant qui change de comportement face au sommeil : difficultés à trouver le sommeil, peur du noir, cauchemars, terreurs nocturnes, somnambulisme…

Pourtant, dans la majorité des cas, aucune trace visible ne laisse deviner l’agression. Ce sont les conséquences psychologiques qui peuvent, le plus souvent, être des signaux d’alerte.

La scolarité un révélateur de l'état de l'enfant

Les abus sexuels chez les enfants ont souvent des répercussions sur leur scolarité. Les enfants éprouvent de nouvelles difficultés de comportements, d’attention ou d’apprentissage. Chez les adolescents, ils vont fuir le milieu scolaire et manquer des cours ce qui va impacter leur réussite scolaire et créer un décrochage. L’anxiété et les troubles de concentration sont courants, ce qui complique davantage leur apprentissage.

Les conséquences à long terme sur la santé des victimes

Certains enfants ayant subi des violences sexuelles n’ont pas la capacité et/ou la possibilité de pouvoir comprendre, exprimer et identifier le préjudice. L’acte de violence est parfois tellement difficile à vivre que l’enfant souffre d’amnésie traumatique, il n’a donc aucun souvenir de cette situation de souffrance.

Le travail des neurosciences démontre d’un traumatisme identifié et gérer par le biais d’un professionnel compétent dans les 6 mois qui suivent réduit considérablement les impacts somatiques et surtout psychologiques des ancrages inconscients.

Si le patient n’est pas suivi et accompagner dans la gestion du traumatisme, certains troubles peuvent s’installer dans le temps ou apparaître des années après.

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Les troubles psychologiques à long terme

  • Développement de troubles de l’anxiété et de la dépression

Les enfants qui ont été victimes de violences sexuelles sont beaucoup plus susceptibles de développer des troubles de l’anxiété et de dépression. Les sujets ou déclencheurs des angoisses sont parfois très éloignés du traumatisme initial ce qui rend le diagnostic délicat.

La dépression, quant à elle, se manifester de façon chronique ou ponctuelle. L’état dépressif peut être latent.

Il sera très difficile pour l’adulte sujet à la dépression ou à l’anxiété de l’associer à des violences sexuelles subies dans l’enfance néanmoins, c’est un moyen de l’identifier et d’être accompagné si besoin.

D’une personne à l’autre, les troubles peuvent être plus ou moins marqué, il est donc nécessaire de faire un bilan avec un professionnel dès que vous l’observer pour vous ou un proche.

  • Le stress post-traumatique (PTSD)

Le stress post-traumatique se manifeste de différentes façons selon les personnes et les situations. Les enfants revivent l’expérience traumatisante sous forme de flash-back, de cauchemars… Il peut également se manifester sous forme d’angoisse ou de détresse émotionnelle intense lorsque les victimes sont confrontées à des événements qui font écho au traumatisme.

  • Les comportements autodestructeurs

On observe chez les victimes de violences sexuelles durant l’enfance une augmentation des risques de comportements à risque, tels que l’automutilation, les mises en danger et les tentatives de suicide. En effet, les jeunes enfants ou adultes sont dépassés par cette vague émotionnelle qui les conduits, parfois, à des actes de souffrance sur eux-mêmes.

Elément graphique soleil, Amandine Lacomme

Conséquences sur la santé physique à long terme

  • Les maladies chroniques à l’âge adulte telles que les troubles gastro-intestinaux, les maladies cardiaques, et d’autres problèmes de santé graves peuvent découler du stress chronique et des traumatismes subis.
  • Les problèmes de santé reproductive, notamment des troubles menstruels et des grossesses précoces ou non désirées. Des troubles sexuels pour les hommes comme les femmes.
  • Les troubles alimentaires, comme l’anorexie et la boulimie, sont courants chez les victimes de violences sexuelles.
 

Impact sur les relations interpersonnelles

Les enfants victimes de violences sexuelles peuvent développer des difficultés dans leurs rapports aux autres.

  • Difficulté à avoir des relations intimes, mais également à créer une relation de couple, à faire confiance à pouvoir s’abandonner… Cela peut se traduire par des difficultés à former des attaches sécurisantes et des relations saines à l’âge adulte, souvent par peur de l’abandon ou de la trahison.
  • Problème de communication : ce type d’abus peut altérer la capacité à communiquer sereinement et à gérer les conflits dans la sphère personnelle comme professionnel.
  • Les victimes de violences sexuelles sont parfois plus susceptibles de développement un comportement agressif, violent et parfois même reproduire le schéma subi.
 
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Comment apporter son soutien aux victimes de violences sexuelles durant l'enfance ?

Accompagner un enfant dans ce contexte de violence sexuelle peut se manifester sous différentes formes. En fonction du contexte, de la situation émotionnelle de l’enfant, les différents soutiens possibles peuvent être activés ensemble ou à différents moments :

  • Le soutien familial ou des proches: il s’agit de créer un environnement sécurisant et rassurant pour l’enfant afin de l’accompagner au mieux, de l’écouter et de l’orienter vers les bonnes personnes.
  • La thérapie : c’est une étape indispensable à la guérison des blessures psychologiques causées par l’agression. La thérapie cognitivo-comportementale (TCC) et la thérapie par mouvements oculaires (EMDR), se sont révélées efficaces pour aider les victimes à traiter et surmonter leurs traumatismes.
  • Les organisations et des associations de soutien aux victimes : Elles peuvent s’avérer être un vrai soutien aux victimes, mais également à leurs proches. Elles permettent également de libérer la parole et de partager avec des personnes étant dans des situations similaires.

 

« Le mot de la Psy » 

Faire la démarche de dévoiler à ses parents ou proches que l’on a été victime de violences sexuelles est une démarche difficile et courageuse pour les enfants. Il est essentiel de lui offrir un soutien inconditionnel sans jugement ou remise en question. La première réaction de l’adulte est essentielle pour créer un espace sûr et accueillant où l’enfant se sentira entendu et respecté.

Même si l’exercice est difficile, écoutez avec empathie, sans interrompre avec des questions intrusives. Soyez rassurant et déculpabilisez la victime, en accueillant ses émotions. Assurez-lui que vous êtes là pour le protéger et l’aider à obtenir le soutien nécessaire. Votre réaction, votre accompagnement et votre soutien sont des premiers pas essentiels vers la guérison.

Numéros à contacter :

119 : « Allô enfance en danger »

116 006 : numéro d’aide aux victimes