Stress post-traumatique lié à une agression sexuelle, comment le gérer ?

Bandeau élément graphique, Amandine Lacomme

1 femme sur 2 a déjà subi une violence sexuelle en France contre 1 homme sur 14.

D’après une étude de Mémoire Traumatique, 80% des victimes d’agression sexuelle subissent un état de stress post-traumatique chronique associé à des troubles dissociatifs. Lorsque les violences sexuelles ont eu lieu durant l’enfance, ce taux passe à 87%. Sans prise en charge adaptée, cet état de stress post-traumatique peut durer des années, voire toute une vie.

Les conséquences d’un traumatisme sexuel ne sont pas toujours visibles par la victime, il est important de noter ces troubles pour accompagner un proche si besoin. La personne victime de stress post-traumatique n’est généralement pas consciente de son état et c’est souvent un proche ou un professionnel (psy, médecin généraliste, sage-femme etc.) qui l’aide à en prendre conscience. Et c’est le début d’un long chemin.

Stress post traumatique lié à une agression

Qu’est-ce qu’un stress post-traumatique ?

Le trouble de stress post-traumatique (TSPT, vous pourrez trouver PTSD en anglais Post Traumatic stress disorder) est un trouble psychologique qui peut survenir chez certaines personnes après avoir vécu ou avoir été témoin d’un événement traumatique grave. Ces événements peuvent inclure des agressions sexuelles, des accidents graves, des catastrophes naturelles, des actes de violence ou des expériences de guerre. Il est important de noter que chaque personne réagira différemment, selon son vécu. Un accident de voiture, aussi impressionnant puisse-t-il être, ne débouchera pas systématiquement sur un stress post traumatique.

Les symptômes du stress post-traumatique peuvent se manifester de différentes manières et varier en intensité. Une odeur, une musique, un geste… sont autant de trigger warning (déclencheurs qui réactivent une détresse émotionnelle ou un sentiment négatif) à prendre en compte lorsqu’on se trouve au contact d’une personne victime de syndrome post-traumatique. Les symptômes peuvent inclure des reviviscences (flash-backs), des cauchemars, des pensées intrusives et persistantes liées à l’événement traumatique, un évitement des stimuli associés au traumatisme, une hyperactivité neurovégétative (comme une hypervigilance ou des réactions de sursauts involontaire), des troubles du sommeil, des changements d’humeur, une détresse émotionnelle importante, des troubles du comportement alimentaire (TCA) et bien d’autres symptômes. Le trouble de stress post-traumatique peut affecter considérablement la qualité de vie d’une personne et interférer avec son fonctionnement quotidien. Le diagnostic du trouble de stress post-traumatique est généralement posé lorsque ces symptômes persistent pendant une période prolongée (au moins un mois) et causent une détresse significative.

Le traitement du trouble de stress post-traumatique peut inclure le recours à une psychothérapie, des médicaments mais aussi un soutien social. La psychothérapie est souvent recommandée comme traitement de première intention. Les médicaments, tels que les antidépresseurs, peuvent également être prescrits pour aider à atténuer certains symptômes qui sont bloquants au quotidien.

Il est important de noter que le trouble de stress post-traumatique peut affecter des personnes de tous horizons et le soutien professionnel et social peut jouer un rôle crucial dans le processus de guérison. Si vous ou quelqu’un de votre entourage semble souffrir de stress post-traumatique, il est recommandé de consulter un professionnel pour obtenir une écoute et un soutien appropriés.

Quelles sont les différentes formes de stress post-traumatique lié à une agression sexuelle ?

Le stress post-traumatique (TSPT) lié à une agression sexuelle peut se manifester de différentes manières et les symptômes peuvent varier d’une personne à l’autre. Il est important de rappeler que chaque individu réagit différemment aux expériences traumatisantes et tous ne développent pas nécessairement un trouble de stress post-traumatique. Cependant, voici quelques formes courantes de manifestations stress post-traumatique pouvant être associé à une agression sexuelle :

  1. Reviviscences (Flash-backs) : les victimes d’agression sexuelle peuvent éprouver des flash-backs, c’est-à-dire des souvenirs intrusifs et involontaires de l’événement traumatique. Ces souvenirs peuvent être si réalistes que la personne a l’impression de revivre l’agression. Ces souvenirs peuvent intervenir de façon spontanée ou lors d’expériences qui ravivent le traumatisme ;
  2. Cauchemars : les cauchemars liés à une agression sexuelle sont fréquents chez les personnes souffrant du trouble de stress post-traumatique. Ces rêves peuvent reproduire des aspects de l’expérience traumatisante et contribuer à la détresse émotionnelle, ou parfois être difficile à identifier car loin des scènes traumatisantes vécues ;
  3. Hypervigilance : les victimes peuvent développer une hypervigilance, une sensibilité accrue aux stimuli environnementaux. Ils peuvent être facilement effrayés, sursauter fréquemment et avoir du mal à se détendre en raison de la crainte constante de nouveaux traumatismes. L’hypervigilance finit par devenir naturelle et les personnes ont des difficultés à s’en défaire parce que c’est devenu une « façon de vivre ». Elle entraîne souvent une fatigue mentale et physique intense ;
  4. Évitement : certaines victimes peuvent éviter délibérément les rappels de l’agression sexuelle, tels que les endroits, les personnes ou les activités, une chanson, un film, un aliment associé à l’événement traumatisant. Cela peut entraîner des limitations significatives dans la vie quotidienne ;
  5. Dépression et anxiété : le trouble de stress post-traumatique lié à une agression sexuelle est souvent associé à des troubles de l’humeur tels que la dépression et l’anxiété. Les victimes d’agression sexuelle peuvent éprouver des sentiments d’impuissance, de colère, de honte et de culpabilité. L’agression fait naviguer la personne entre des sentiments souvent très sombres, ce qui, à terme, la persuade que non seulement c’est sa faute mais qu’en plus elle ne vaut pas grand-chose ou qu’elle est nocive pour les autres. Nombre de personnes victimes refusent d’avoir des enfants par peur de les confronter au monde ou parce qu’elles se sentent indigne de devenir parent ;
  6. Troubles du sommeil : les perturbations du sommeil, telles que l’insomnie sont fréquentes chez les victimes atteintes de trouble de stress post-traumatique ;
  7. Difficultés relationnelles : les victimes d’agression peuvent rencontrer des difficultés à établir et à maintenir des relations intimes. Elles peuvent se replier émotionnellement, rencontrer des difficultés à faire confiance aux autres et éprouver des difficultés à exprimer leurs besoins émotionnels, cela est tout à fait normal, un accompagnement psychologique peut les aider à sortir de l’impasse ;
  8. Problèmes liés à l’estime de soi : l’agression sexuelle peut avoir un impact significatif sur l’estime de soi. Les victimes peuvent se blâmer elles-mêmes, se sentir honteuses et développer des sentiments de dévalorisation personnelle. Ce n’est pas systématique mais ce sont des personnes qui se retrouvent parfois en échec professionnel ou dans des emplois qui ne correspondent pas à leur niveau de compétences. La domination, l’anéantissement, le rabaissement, la violence, ressenties font que la personne se sent souvent incapable ou illégitime à occuper des postes qu’elle pourrait occuper.

Il est important de souligner que le trouble de stress post-traumatique lié à une agression sexuelle peut être traité avec succès avec le soutien approprié. Suivre une thérapie (thérapie humaniste, psychothérapie, ou technique comme l’EMDR ou l’ICV…) est fortement recommandée. Le soutien social et émotionnel joue également un rôle crucial dans le processus de guérison.

LE SAVIEZ-VOUS ?

Une étude de la Ciivise démontre que le soutien social a un impact positif sur les symptômes physiques observés chez les victimes de violences durant l’enfance. Les victimes qui ont pu ou peuvent se confier à des proches ou des membres de la famille ont moins de symptômes de stress post-traumatique.

Apparition de symptômes de stress post-traumatique, que faire ?

Si vous avez été victime d’une agression sexuelle et que vous présentez des symptômes de stress post-traumatique (TSPT), il est important de prendre des mesures pour obtenir du soutien.

Que faire dans le cas de TSPT ?

  1. Parler à des amis proches ou à la famille de confiance : partager vos sentiments avec des personnes de confiance peut être une étape importante. Le soutien émotionnel de proches peut jouer un rôle crucial dans l’accompagnement et/ou le processus de guérison ;
  2. Consulter un professionnel de la santé mentale : il est essentiel de rechercher l’aide d’un professionnel qualifié, tel qu’un psychologue, un psychiatre ou un thérapeute humaniste spécialisé dans le traitement des traumatismes. Ces professionnels peuvent fournir un soutien approprié et des stratégies thérapeutiques pour faire face au trouble de stress post-traumatique ;
  3. Consulter un médecin : un professionnel de santé peut vous conseiller et faire une première évaluation de vos besoins en termes d’accompagnement ou la nécessité de médicaments pour atténuer les symptômes tels que la dépression, l’anxiété ou les troubles du sommeil ;
  4. S’informer sur les ressources locales : certaines organisations locales ou nationales offrent un soutien aux personnes victimes d’agression sexuelle. Ces organisations peuvent fournir des informations, des conseils et des ressources supplémentaires à celles proposées par les professionnels de santé ;
  5. Adhérer à un groupe de parole : rejoindre un groupe de soutien pour les personnes victimes d’agression sexuelle peut offrir un espace sécurisé pour partager des expériences, obtenir des conseils et se sentir compris(e). Être avec ses « pairs » est souvent d’un grand secours.

 

Quand parler de votre traumatisme ?

  1. Dès que possible : je vous recommande de demander de l’aide dès que les premiers symptômes du trouble de stress post-traumatique deviennent apparents. Plus la thérapie intervient tôt, mieux la personne parvient à améliorer ses conditions de vie. Et n’allez surtout pas penser qu’il est trop tard, que vous êtes trop avancé en âge car ce n’est pas le cas ;
  2. Lorsque vous vous sentez prêt : parler de son expérience peut être difficile et chacun a son propre rythme. Choisissez le moment qui vous semble le plus approprié et lorsque vous vous sentez prêt(e) à partager. Plus jamais personne ne doit vous imposer un rythme qui n’est pas le vôtre, vous parlez quand et à qui vous voulez ;
  3. Si les symptômes persistent : si les symptômes du trouble de stress post-traumatique persistent pendant une période prolongée et affectent votre qualité de vie, il est important de demander de l’aide rapidement. C’est très difficile, la société nous renvoie une image assez négative et vous craindrez de ne pas être crédible ou que votre situation soit réinterprétée. Je peux vous assurer que cela arrivera avec certaines personnes. Il est difficile d’être confronté à l’horreur d’une agression et les conditionnements dans lesquels nous vivons depuis si longtemps vont être difficiles à dépasser par tout le monde mais sachez que de plus en plus de professionnels se forment à la prise en charge spécifique des personnes victimes de traumatismes et de nombreuses associations existent.

En tant que thérapeute humaniste, j’ai fait le choix de me spécialiser dans l’accompagnement des individus ayant subi des violences physiques et sexuelles par le biais de la thérapie. Mon approche consiste à offrir un refuge à ces personnes victime, les aidant à exprimer verbalement leurs expériences et les souffrances morales et physiques qui en ont découlé. Cette forme de thérapie peut être dispensée de manière individuelle ou au sein de groupes de parole restreints, composés d’un maximum de six participants. Ces groupes fournissent un espace où les personnes victimes d’agression sexuelle peuvent se réunir, partager leurs traumatismes et enfin trouver une résonance à toutes les pensées qui les tourmentent. Souvent, les personnes ayant été victimes de violences ont tendance à intérioriser la responsabilité de la situation. Les séances de groupe de parole visent à mettre en lumière les schémas de pensée engendrés par les agresseurs et parfois par des proches qui n’ont pas su les écouter ni les croire. Je remarque souvent au sein des groupes que j’anime qu’une véritable solidarité s’installe, des partages d’astuces, de lieux « safe », de lectures ou encore de podcast. C’est aussi l’une des raisons qui me pousse à organiser ces groupes de parole.

« Le mot de la Psy » 

Rappelez-vous que vous n’êtes pas seul(e) et que le chemin vers la guérison peut être parcouru à votre propre rythme. Consulter un professionnel spécialisé dans les traumatismes peut être une étape importante pour vous aider à comprendre et à surmonter les séquelles de cette expérience. Vous méritez un soutien empathique et bienveillant et il est essentiel de prioriser votre bien-être. Prenez le temps nécessaire pour prendre soin de vous et n’hésitez pas à solliciter de l’aide lorsque vous vous sentez prêt(e).

 

Si vous êtes ou avez été victime de violences sexuelles, je m’engage à vous écouter avec bienveillance, empathie et à vous accompagner dans votre processus de guérison. Vous pouvez me contacter lorsque vous vous sentirez prêt(e).

Petit rappel : Composer le 119, 24/24 et 7/7 pour les enfants de moins de 21 ans victimes de violences psychologiques, physiques, sexuelles ou en situation de danger.

Arrêtons les violences : 3919, le numéro pour toutes personnes qui souffrent de violences

Service de signalement des violences par SMS : 114